samedi 14 juin 2008

Mélange des genres: Taboulé



Comme je l'ai dit en créant ce blog mon intention est d'en faire une une sorte de carnet de notes, un aide-mémoire. Selon mon humeur, les intérêts du moment, les circonstances de la vie quotidienne. J'entends garder le droit de me contredire ou de changer d'opinion. Eclectique et dilettante.


Ainsi aujourd'hui je laisse libre cours à ma mauvaise humeur. A chaque fois que je longe le rayon traiteur d'un supermarché je fronce les sourcils devant les plats de taboulé. Comme j'ai eu la chance d'avoir vingt ans au Liban, à Zahlé pour être plus précise, et que je suis une gourmande, je sais ce qu'est un vrai taboulé. Je vais donc me faire plaisir en partageant ma recette. A noter que tout comme pour notre pot-au-feu ou bien le couscous, chaque famille a la sienne.


Premier point: il ne s'agit pas d'une salade de semoule ou de burghoul. Non. Les ingrédients principaux en sont le persil et la tomate. Une fois achevé, le mélange est vert (voir photo). Burghoul ou semoule ne sont là que pour y apporter un peu de craquant. Nous sommes loin de l'étouffe-chrétien à la française.


Second point: le choix de la semoule. Ou bien du burghoul ou bien notre semoule à couscous, le bulghur étant préférable. Si l'on utilise la semoule à couscous (medium) inutile de la tremper. Et bien évidemment il n'y a aucune cuisson.


A titre indicatif je compte environ 30 gr de burghoul par personne. Avec 200 gr nous avons un taboulé pour environ 6 à 8 personnes, selon qu'il s'agit d'un mezzé ou d'une entrée unique.


INGREDIENTS:


200 gr de burghoul

4 ou 5 tomates bien mûres, selon la taille

3 ou 4 bottes de persil (de préférence plat, très frais)

1 gros bouquet de menthe

1 botte d'oignons nouveaux (ou deux oignons moyens)

3 citrons

6 cuil. à soupe d'huile d'olive

sel et poivre


RECETTE:


- Tremper le burghoul 5 minutes dans un bol d'eau fraîche, égouttez-le et laisser en attente au frais.

- Laver et égoutter le persil, la menthe. Ôtez les queues et couper menu (j'utilise la bonne vieille méthode des ciseaux dans un bol)

- Eplucher et hacher les oignons

- Couper les tomates en petits dés

- Mélanger tous les ingrédients dans un grand saladier

- Y ajouter les jus des citrons, l'huile, le sel et le poivre.

- Remuer et laisser au frais au moins 30 minutes.


Remuer avant de servir.


Servir avec des feuilles de laitue et du pain libanais (recette un autre jour). Le taboulé se mange à la main en utilisant les feuilles de salade ou le pain.


Un peu plus de tomate, d'oignon... Peu importe, la règle d'or est peu de semoule, beaucoup de persil.


La cuisine libanaise est un délice et je me ferai un plaisir de partager ce que j'en connais avec bloggeurs et bloggeuses.
note: la photographie de Wadi Zahlé (où l'on déguste les meilleurs mezzés du monde) a été prise par Abe Ash.




vendredi 13 juin 2008

Haïku ?




Comme certaines photographies les haïkus sont des instantanés, une capture de l'éphémère, une vision pointue du quotidien.



Cette forme de poésie nous vient du Japon mais je ne m'attarderai pas sur cet aspect. Google omniscient est là.



Pour ma part, forte de mon ignorance en la matière, je joue à... je fais semblant de... Néanmoins chaque jeu a ses règles.



Sur un canevas de 3 vers non rimés et de 17 syllabes (5/7/5) je tente de fixer quelques moments privilégiés de mon existence au fil des saisons. Point de sentiments apparents, ni de pensées profondes ou non, mais la réalité telle que je la perçois fugitivement grâce aux cinq sens dont la nature m'a dotée.



L'exercice, plaisant, demande un effort de concentration aussi intense que celui exigé par l'apprentissage de la calligraphie chinoise.



J'aimerais beaucoup que les amateurs de haïkus de passage sur ce blog me fassent part de leurs critiques. D'ores et déjà je les en remercie.

jeudi 12 juin 2008

Haiku


une voile courbée
abandonne derrière elle
un sillon d'écume





mercredi 11 juin 2008

Zennnnnnnnnnnnnn


Après relecture il est évident que "La mort programmée d'un étalon" a grand besoin de peaufinage.



ZEN.... ZEN... ZEN...
Je souhaite produire un texte plus concis, renforcer le côté triste et crasseux du café, différencier les deux personnages, non pas physiquement, ceci est volontairement laissé à l'imagination du lecteur, mais en fonction de leur appréciation de l'accident ainsi que de leurs sentiments à l'égard de l'étalon.
Nous en revenons à l'éternel souci du choix des mots. Peut-être devrais-je présenter la scène en tableaux. Le café... Le lieu de l'accident... A nouveau le café. NON, j'y perdrais en intensité.
ZEN... ZEN... ZEN...
Au fait j'aime assez ce bouddha farceur! Je l'ai affectueusement surnommé "Silly Buddha"




mardi 10 juin 2008

Mort programmée d'un étalon





Avant de rentrer chez lui Marco Ferrero s’arrête chez Simon. Commande une bière. L’avale d’un trait. Puis engloutit la seconde. Une troisième. L’arrivée prévisible de Gérard Lavielle lui fournit le prétexte d’une quatrième…
Désormais seul le patron tient les comptes.
Les habitués entrent, boivent, remplacés par de nouveaux consommateurs, des amoureux, des paumés de tous poils, sans oublier les quelques touristes en quête de sensations nouvelles.
Marco, le nez dans son verre ne voit rien, n’entend ni les conversations ponctuées de rires ou d’insultes, ni le cliquetis des verres, ni le ronronnement du réfrigérateur, pas plus que le bourdonnement des mouches.
Marco est ailleurs. Dans l’ailleurs de cette journée à peine écoulée.
Gérard fixe un point invisible au-dessus de l’épaule de Marco. Au-delà de la vitre crasseuse, au-delà du parking, au-delà de l’autoroute, à quelques centaines de mètres derrière la colline, vers les enclos de la ferme des Aiguilleries dont on aperçoit le toit d’ardoises bleuâtres.
« Peut-être bien qu’il pense aussi à la petite ».
Pour sa part, dans la mousse de sa bière Marco ne distingue que la silhouette de l’étalon.
Le soleil disparaît derrière la colline, à l’à pic de la carrière.
— On remet ça ? propose Gérard.
Marco considére gravement la question. Une nouvelle tournée avant les foudres conjugales ? Une autre bière… Pourquoi pas ! Soudain le mot « bière » revêt une connotation morbide.
— Non. Fini pour moi.
D’un geste ample il englobe le bar, la fenêtre, les collines… la ferme maintenant presque invisible, noyée dans une semi obscurité grisâtre.
— Putain de cheval ! Paraissait même pas fatigué. On l’avait pourtant bien travaillé, hein Gérard ?
— Il avait même pas l’air vicieux…
De toute la journée l’étalon n’avait montré aucun signe de fatigue. Toujours plein de pétrole. Aussi vert l’après-midi que le matin. Il leur avait fait systématiquement mordre la poussière à l’un comme à l’autre. D’un coup de cul, d’une ruade, comme ça… Innocemment. Pour un peu il en aurait eu l’air repentant.
— C’est putain de bon… quand un canasson te dit merde.
Gérard fait la moue. Après tout ce cheval c’est le sien. Invendable maintenant. Surtout depuis l’accident. N’empêche que la gosse à Vernet, elle aurait pas dû traîner par là.
Simon s’approche pour encaisser et retourne la soucoupe.
— Payé, annonce-t-il à la galerie, selon son habitude et celle de son père avant lui. Alors ? La môme, elle va s’en tirer ?
— Elle est à l’hosto.
Simon renifle bruyamment en tortillant du nez .
— Sale affaire. J’ai toujours dit que depuis que sa femme l’a plaqué, le Vernet y peut pas tout assurer.
Marco Ferrero hausse les épaules. Pour lui, ce n’est ni Vernet, ni sa femme, ni l’amant de sa femme… Le problème. C’est ce putain d’étalon. Et en matière de chevaux Marco en connaît un rayon… Mais ce coup-là, il l’a pas vu venir .Tous les chevaux on peut les dresser. Un cheval méchant ça n’existe pas. Des trouillards, oui. Des malins et des vicieux, oui. Des méchants : Jamais. On lit tout dans leurs yeux. Comme dans les yeux des hommes. Pas la peine de leur murmurer quoique ce soit à l’oreille pour savoir… Celui-là c’était un tendre. Il avait le regard doux et humide d’une femelle prête à recevoir l’hommage du mâle. Facile à approcher, à caresser, à seller même ! Mais pas question de le monter…
Une fois le cavalier à terre et terriblement humilié, l’étalon le contemplait gravement, paisible, surpris que l’homme ne puisse assimiler une vérité aussi simple qu’évidente.
Marco jette un regard vers Gérard. Gérard muré dans son silence. Un autre vers Simon maintenant occupé à compter la recette. La salle s’est vidée sans qu’ils s’en soient aperçus.
— Putain, va falloir que je le fasse piquer.
— Il est trop beau pour ça ! Vends-le.
— Personne en voudra maintenant. Et puis, j’ai de la moralité !
Marco ne trouve rien à redire. Surtout question moralité. Dans quelques instants, ils vont quitter le bar, le sort de l’étalon est scellé, bouclé, décidé… . La perspective de la mort proche chavire le cœur du vieux journalier. L’amorce d’une seconde il s’imagine l’achetant et lui rendant sa liberté.
— Tu pourrais l’emmener en Camargue et le relâcher? suggère Marco.
— Dans tes rêves…
Gérard ferme les yeux… chavauche au-delà de la colline, au-delà de l’autoroute, droit vers le sud en un galop fulgurant.
Marco soupire.
— Faut que j’y aille. Ma femme va encore râler. A demain.
Lavielle hésite un instant.
— Tu crois que je devrais appeler Vernet ce soir ? Juste pour des nouvelles de la gosse ?
— Des nouvelles on en a, interrompt Simon. Debout, derrière son comptoir, il a l’air d’un con.

Y viennent de l’annoncer à la radio.

La petite vient de mourir.