A haïku a day keeps the boredom away…
Une étoile filante
Vers Mars ou au delà
Ce n’est qu’un avion
Texte très court extrait d’un roman oublié dans un tiroir. Je m’interroge. Le reprendre ou l’oublier à jamais.
Le Vœu du Prince Mutep
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A Nopisox durant la saison chaude de l’ère 891
Le jeune prince Mutep s’assied sur le muret et songe au départ prochain. Combien de fois a-t-il souhaité, traversant le port de Karveoz, être l’un de ces malheureux qui étendus sur le sol brûlant parmi les ballots de marchandises, rêvent les yeux entrouverts en mâchant leur dose de tuvore. Et voici qu’il est libre enfin, à Nopisox où personne ne le connaît car il a réussi à semer son fidèle garde du corps. Il laisse aller ses pensées, les yeux fixés sur l’eau du port, scintillante au soleil comme le mercure. Il laisse courir ses pensées au rythme des clapots contre la digue, dans le sifflement et le fracas des grues qui chargent le torkon noir. Les sirènes des bateaux, l’odeur puissante des poissons qui sèchent dans le hangar voisin ne le gênent pas. Bien au contraire. Pour la première fois de sa vie, il se sent libre.
Pourquoi partir ?
Mutep songe à son enfance, celle d’un prince paresseux et intelligent. Il songe à son premier déplacement, le terme voyage étant réservé aux professionnels, vers l’Ove-Pecerre et se rappelle avec quelle passion il avait aimé cette vie nouvelle loin des contraintes du palais paternel. Tous les souvenirs de cette époque lui sont présents et vivaces. Il était heureux. Il l’est encore, du moins le croit-il.
Alors pourquoi partir ? Il ne s’agit pas là d’un désir romantique d’adolescent. Il souhaite simplement rompre la monotonie béate de son existence de privilégié.
Dans quelques heures, il sera à bord d’un voilier à destination de Pyfrygor aux confins du royaume de son père. Son vœu: enfin vivre.
Pyfrygor durant la saison blanche de l’ère 894
Mutep sort de sa maison de glace. Ces temps-ci les journées sont étranges et monotones. Depuis huit jours il neige. Il faut sans cesse déblayer les abords de la bâtisse. Il a installé une longue corde jusque chez le voisin, histoire de ne pas se perdre en allant lui porter des provisions car vents et tourbillons cachent la lumière naturelle et souvent on ne peut voir sa propre moufle au bout du bras tendu.
Des cris d’enfants Imdengen attirent son attention. Ce sont des hurlements sur deux tons différents. Dès leur plus jeune âge ces petits gamins apprennent à imiter les oiseaux sauvages de manière à les inciter à descendre à portée de fusil.
Profitant de l’accalmie Mutep chausse ses raquettes et prend son arme. Il vérifie la présence rassurante de son couteau à sa ceinture.
Il se dirige vers le lac gelé à proximité duquel les huttes Imdengen sont rassemblées. Au ciel, une planète rougeâtre ressemble à une bombe arrêtée dans sa chute.
Glissant sur la neige fraîche Mutep songe au chemin parcouru. A la découverte du silence dans les régions glacées du Sud. A celle d’un peuple différent du sien. Des êtres qui lui ressemblent et qui vivent comme des bêtes. A ses congénères ivres de tuvore la plupart du temps et pour qui voler, violer et tuer font partie du quotidien. Lesquels vivent comme des bêtes?
Qu’a-t-il vraiment retenu de son escapade ?
Après deux années de vie rude et dangereuse il caresse l’espoir de rentrer au bercail. Il est venu jusqu’ici à la recherche d’un autre monde. A part la nature, les paysages glacés même en plein été et dont il a fini par se lasser, il n’ a rien rencontré de nouveau. Le mot civilisation a perdu son sens. Du moins sera-t-il mieux armé pour déjouer les intrigues ourdies au sein du palais royal.
Mutep lève son arme, vise et tire. Tout ce qu’il souhaite est à sa portée. Son seul souhait: Le repas du soir.
Les années passent et les rides s’insinuent traîtreusement sur mon visage. Un beau matin, je m’éveille: vieille et peu avenante. Suis-je ma mère ? Ou ma grand-mère ?
Dans ma tête: ça va.
Du moins je le pense.
Pourquoi à une certaine époque ai-je ressenti le besoin de blogger ?
En retrouvant quelques carnets je tombe sur ces liens oubliés. Oubliés également nombre de mots de passe…
À SUIVRE…